Actu

Destination de l’argent dans la formation professionnelle

Chaque année, des milliards d’euros transitent par des circuits complexes avant d’être alloués à des dispositifs de formation professionnelle. Entre obligations légales, contributions des entreprises et mécanismes publics, peu d’acteurs connaissent précisément le cheminement de ces fonds.

Certains organismes collecteurs imposent des contraintes spécifiques, tandis que des enveloppes budgétaires restent parfois inutilisées, faute de demandes adaptées ou de procédures mal comprises. Les règles varient selon les statuts, les secteurs et les régions, créant un écosystème financier souvent méconnu et peu exploité.

Comprendre les flux financiers de la formation professionnelle en France

46,6 milliards d’euros investis en 2022 dans la formation professionnelle, cette dépense colossale repose sur une architecture où chaque rouage a sa fonction. France compétences se tient au centre de ce dispositif, arbitre et financeur du secteur. Depuis la réforme de 2019, l’URSSAF collecte la contribution unique à la formation professionnelle et à l’apprentissage (CUFPA) pour la reverser à France compétences, qui répartit ensuite les fonds entre plusieurs structures clés.

Voici comment se structurent les principaux circuits de redistribution :

  • Les OPCO (opérateurs de compétences) épaulent les branches professionnelles et prennent en charge la formation des salariés et apprentis.
  • La Caisse des Dépôts et Consignations gère le compte personnel de formation (CPF), véritable outil individuel.
  • France Travail (anciennement Pôle emploi) pilote la formation des demandeurs d’emploi.
  • Les régions participent au financement de l’apprentissage et soutiennent la formation des publics éloignés de l’emploi.

À ces flux s’ajoutent des apports de l’État : soutien à l’apprentissage, investissement massif dans les compétences ou encore dispositifs de transitions collectives. Sur certains secteurs, le Fonds social européen (FSE+) prend en charge la moitié des coûts de formation via les OPCO, tandis que le Fonds de transition juste (FTJ) cible la formation dans le cadre de la décarbonation industrielle.

Reste une question de taille : le déficit de France compétences, 2,1 milliards d’euros en 2023, 1,04 milliard prévus pour 2024, met sur la table la question de la viabilité du système. Dans ce labyrinthe de flux, les entreprises restent des acteurs de premier plan, via leur contribution à la formation professionnelle et leur implication directe dans la dynamique collective.

Qui finance quoi ? Décryptage des principaux acteurs et dispositifs

Le financement de la formation professionnelle s’organise autour de plusieurs acteurs aux champs d’intervention clairement définis. Les OPCO opèrent au cœur du terrain pour accompagner les entreprises : ils orchestrent le financement de l’apprentissage, des contrats de professionnalisation, du plan de développement des compétences et d’actions collectives. Chaque année, ces dispositifs ouvrent la voie à des centaines de milliers de salariés et d’alternants, avec des budgets par apprenti qui dépassent parfois les 19 000 euros.

La Caisse des Dépôts et Consignations pilote le compte personnel de formation (CPF), véritable levier individuel : en 2023, 1,3 million de personnes y ont eu recours, pour un total de 2,1 milliards d’euros mobilisés. À cela s’ajoute le projet de transition professionnelle (PTP), géré par Transitions Pro, qui permet à un salarié souhaitant changer de métier de financer sa reconversion tout en conservant sa rémunération. Ce dispositif affiche un coût moyen supérieur aux autres solutions classiques.

Côté demandeurs d’emploi, France Travail propose un panel d’aides : l’aide individuelle à la formation (AIF), la préparation opérationnelle à l’emploi (POE), sans oublier les formations cofinancées par les régions. En 2023, 8,2 milliards d’euros ont permis à 1,2 million de personnes en recherche d’emploi de se former. D’autres dispositifs comme le FNE-Formation encouragent l’acquisition de compétences en lien avec la transition numérique ou écologique, tandis que Pro-A et Transitions collectives accompagnent les salariés en reconversion ou en mobilité professionnelle.

Les organismes de formation, quant à eux, constituent le maillon final : ils déploient des parcours adaptés, façonnés en fonction des besoins exprimés par les branches professionnelles, les entreprises et les pouvoirs publics.

Groupe divers d

Explorer les solutions pour bénéficier d’une prise en charge adaptée à son projet

Choisir le bon financement de la formation professionnelle s’apparente à une navigation entre multiples dispositifs. Le compte personnel de formation (CPF) reste la solution la plus fréquemment mobilisée, notamment par les demandeurs d’emploi : en 2023, ils représentaient près d’un tiers des nouveaux inscrits en formation grâce à ce levier. La Caisse des Dépôts en assure la gestion, ouvrant l’accès à un vaste éventail de parcours, de la spécialisation technique à la reconversion complète.

Pour les salariés, qu’ils soient en CDI ou en CDD, le projet de transition professionnelle (PTP) offre la possibilité de se réorienter tout en maintenant son salaire. Besoin de mobilité, envie de progresser, nécessité de s’adapter : chaque situation trouve son dispositif, du plan de développement des compétences porté par l’entreprise à Pro-A pour une alternance de promotion ou de reconversion. Les contrats de courte durée, quant à eux, disposent d’un accompagnement via France Travail et l’aide individuelle à la formation (AIF).

Le conseil en évolution professionnelle (CEP) s’impose comme un allié de poids. Ce service gratuit oriente salariés et demandeurs d’emploi, les aide à identifier le dispositif adapté, à bâtir leur projet et à constituer leur dossier. À chaque région, ses spécificités et ses critères : l’ancienneté, le statut, les politiques locales influent sur le choix des solutions.

Voici les principaux dispositifs à envisager, chacun répondant à des besoins distincts :

  • Le CPF, pour celles et ceux qui recherchent autonomie et flexibilité.
  • Le PTP, pour sécuriser les transitions professionnelles.
  • Le Pro-A et les transitions collectives, pensés pour accompagner la mobilité interne ou externe.
  • L’AIF et la POE, taillés pour soutenir la montée en compétences des demandeurs d’emploi.

Chacun de ces dispositifs, avec l’appui des organismes de formation et du CEP, permet d’envisager une trajectoire professionnelle sur mesure, alignée sur les besoins du marché et adaptée à chaque situation individuelle. Reste à choisir la bonne porte, saisir l’opportunité et transformer ce financement en véritable tremplin vers l’avenir.